mardi 22 mars 2011

De l'interdisciplinarité

« Ce qui fit naître la discipline fut un objectif de recherche commun : découvrir les capacités de représentation et de calcul de l’esprit et leur représentation structurale et fonctionnelle dans le cerveau. » State of art report, 1978.


La vocation des sciences cognitives est de modéliser les fonctions mentales, pour cela une adéquation entre les aspects mécaniques, computationnels et fonctionnels du système cognitif est nécessaire.
Faire une théorie de l’esprit sans tenir compte du système neuronal, par exemple, nous semble aujourd’hui une vaine tentative ; voir tenir plus de la bêtise que de la raison. Une bonne modélisation d’une fonction mentale repose sur la plausibilité biologique de ses processus et sur la validité computationnelle de ses mécanismes. Ainsi, psychologie, biologie et informatique doivent s’articuler dans le même champ théorique. Une approche transdisciplinaire est donc de rigueur pour concevoir une bonne compréhension du système cognitif.
Les sciences cognitives sont historiquement à la jonction entre 6 disciplines principales : les neurosciences, l’intelligence artificielle, la psychologie, la philosophie, les sciences du langage, et l’anthropologie (voir l’article les disciplines participantes des Sciences Cognitives). D’autres disciplines ou sous-disciplines y sont liées : la neuropsychologie, la psychologie cognitive, la psycholinguistique ; la linguistique, la neuroscience cognitive
Peut-on dire que le cogniticien est un spécialiste en tant que tel, comme peut l’être un physicien ? Il faut savoir que le fait d’être cogniticien est plus un art de penser qu’un titre d’expert à proprement parler (bien que le titre de docteur en Sciences cognitives existe). Je n’entends pas par là que les cogniticiens sont des dilettantes de l’activité scientifique. Au contraire, le cogniticien, par ses connaissances élargies, est suffisamment armé pour aborder le système cognitif ; il n’en reste pas moins spécialiste dans un domaine particulier. Par exemple, il est informaticien ou neurobiologiste mais sa multidisciplinarité lui offre une large possibilité de communication scientifique et une ouverture d’esprit telle, que la conception de ces travaux n’en est que plus solide.
Sciences cognitives au singulier ou au pluriel ; unicité du domaine de recherche ou hétérogénéité des sciences cognitives reste à l’heure actuelle un débat vif et non résolu. Inter-, multi- ou transdisciplinarité des sciences cognitives est une question qui reste en suspend ; il n’en reste pas moins que la légitimité de ce domaine de recherche n’est plus à prouver mais est à instaurer dans les esprits.
Pour approfondir la question de l’interdisciplinarité et des défis qui y sont liés, vous pouvez consultez les actes du colloque virtuel du CNRS "Rethinking interdisciplinarity".
 
Article écrit par F-X Pénicaud et Benjamin Putois (2007)